AVIS de NALA 85480 et de 

Forests From Farms 

Consultation publique* pour le projet d'arrêté fixant les modalités d’ouverture/clôture de la chasse dans le département de la Vendée

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Bournezeau, le 11 avril 2023


Monsieur le préfet, 
Les associations Nos Amis Les Animaux NALA 85480 (NALA 85480) et Forests From Farms  donnent un avis défavorable à ce projet pour les raisons suivantes :
1/ L’avis de la commission départementale de la chasse et de la faune sauvage, n'est pas disponible en ligne, ni consultable sur place de telle sorte qu'il est impossible pour le public de connaître l'état des effectifs visés par le projet d'arrêté. En plus l’avis du conseil d'administration de la FDC85, n'est pas disponible non plus. Je me permets d'attirer votre attention au jugement du TA d'Orléans N° 1902761 du 23 mars 2022. Il nous semble que sans la présentation de ces documents au public, l'arrêté ne sera pas valide.
2/ La chasse est un passe-temps extrêmement dangereux. Les accidents de chasse, non seulement chez les chasseurs, mais surtout aussi chez les non-chasseurs et leurs animaux domestiques, ne sont pas négligeables.
Comme le souligne la Commission Départementale de la Chasse et de la Faune sauvage dans son compte rendu du 21 août 2021, la situation concernant la sécurité de la chasse est déjà "alarmante". L'arrêté autorise la chasse du gibier d'eau 2 heures avant le lever du soleil et 2 heures après le coucher du soleil. Pour la chasse des oiseaux de passage, le tir du grand gibier en battue, la chasse au vol, la chasse à courre, la chasse aux animaux classés "nuisibles" et la chasse sous terre et la vénerie sous terre, c'est une heure avant le lever et une heure après le coucher du soleil. Sachant que même en plein jour il y a des chasseurs qui ne peuvent même pas distinguer entre un cueilleur de champignons et une perdrix ou même un sanglier, nous pensons que ces heures d'ouverture à l'aube et à la nuit tombante sont extrêmement dangereuses et donc irresponsables.
De plus nous avons découvert que déjà même l'arrêté Nr 22-DDTM85-221 fixant des règles de sécurité publique lors des actions de chasse n'est pas respecté. Nous vous montrons ci-dessous les vidéos de 2 témoignages de battues près d'un aire de covoiturage, des routes et rond-points dans notre propre commune de Bournezeau. Ces vidéos montrent le grand danger que pose la chasse pour nous tous et toutes, les autres citoyens de la Vendée.....
Vidéos des dangers de deux battues sur youtube (également à regarder ci-dessous): 
3/ L'arrêté ne donne pas de statistiques concrêtes des nombres d'animaux pour chaque espèce, ni des raisons valables.
4/ La chasse d'été n'est pas justifiée, certainement pas pour la chasse aux chevreuils. On voit que le taux de prélèvements de chevreuils reste très bas en été: seulement 54 chevreuils pour la saison de 2022/2023. Autoriser le tir d'été des chevreuils n'a donc aucun sense, d'autant plus que c'est encore plus dangereux. Nous citons un fragment du Compte rendu de l’Assemblée Générale de l'AGGGV de vendredi le 4 octobre 2019 sur le tir d'été du chevreuil : "Il en découle une crainte pour la sécurité publique, de par la présence d’un nombre important de chasseurs à l’affût/approche, souvent peu expérimentés dans cette discipline, en période de chasse inhabituelle, et dans un système non sécurisé (d’autant plus qu’il n’y a pas obligation de porter un gilet fluorescent)."
De plus "Le chevreuil est une espèce qui commet peu de dégâts dans les cultures agricoles" (page 123 du SDGC 2018 - 2024) et selon les comptes de la fédération départementale de chasse de la Vendée, les indemnisations des dégâts de grands gibiers ont diminué : de 169 624€ pour la saison 2018-2019, elles ont baissé à 92.035 pour la saison 2019-2020 (compte rendu de la CDCFS du 3 février 2021).
Dans ce même document, on peut conclure que les indemnisations des dégâts du chevreuil n'est même pas plus que 0,5 % des indemnisations totales (460 Euros par rapport à 92.035 Euros). De plus, l’Association pour la Gestion du Grand Gibier en Vendée (AGGGV), dans son Compte Rendu de l'Assemblée Générale de 2022, https://www.ancgg.org/AD85/documents/rubd4_13623.doc
indique: "Les dégâts forestiers dus à l’espèce restent très faibles.
Les dégâts par les cervidés ne sont donc pas un argument et ne justifient pas du tout la chasse au chevreuil !
5/ En ce qui concerne les dégâts des sangliers, cet argument est injustement utilisé par les chasseurs qui eux-mêmes sont responsables d'une augmentation de la population des sangliers, par l'élevage, par le lâcher et même par "l'agrainage = nourrissage" des sangliers, ce qui a comme résultat pour les chasseurs une population chassable suffisante et même augmentée de cette espèce.
6/ La chasse de certains animaux comme le renard pose plutôt un danger pour la santé publique que l'inverse. Le renard est un animal très utile. Il a été démontré que la présence de prédateurs comme les renards et les fouines est bénéfique pour lutter contre les infections véhiculées par les tiques, telle que la bactérie de Borrelia responsable de la maladie de Lyme, un vrai danger de nos jours. Et le renard joue un rôle important pour la régulation des populations de rongeurs. 
7/ Évidemment, la question primordiale à se poser est pourquoi il faut encore chasser/tuer les blaireaux en France/Vendée, sachant que dans d'autres pays de l'Europe il est déjà strictement protégé: en Belgique, en Angleterre, en Irlande, aux Pays-Bas, au Danemark, au Portugal, en Espagne, en Italie et en Grèce? Et donc dans ces pays on a trouvé des solutions pour cohabiter avec les blaireaux sans leur abattage. Déjà en 2016 le Conseil Scientifique du Patrimoine Naturel et de la Biodiversité, dans son avis publié lundi le 13 juin 2016, met sérieusement en question la pratique de l’abattage et les motifs invoqués pour le faire: «ni le risque d’infection tuberculeuse en France ni les dégâts qui seraient causés aux cultures ne justifient un abattage massif de blaireaux». https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/sites/default/files/CSPNB%2020160601.pdf 
8/ La chasse aux oiseaux de passage est une honte pour la France/Vendée sachant  que dans d'autres pays européens on organise des campagnes payées même par l'Union Européenne pour les protéger/éviter leur extinction. Tuer les oiseaux d'eau surtout dans les réserves de nature  NATURA 2000 est injustifiable. 
9/ La chasse aux perdrix, faisants, lapins etc.  qui sont pour la plupart du temps élevés dans des conditions épouventables dans des élevages pour être lâchés dans la nature, n'est plus acceptable dans notre société "humaine" moderne. 
10/ Pour l'argument des accidents:
En ce qui concerne les accidents sur la route, on voit, selon le professeur allemand en écologie Prof. Josef Reichholf https://www.youtube.com/watch?v=v5bO3ijsM8w, que par peur des chasseurs, la pratique de la chasse oblige les grands gibiers à devenir plus actifs pendant la nuit, ce qui en fait cause plus de risques de collisions entre animaux et voitures que quand ils peuvent avoir une activité journalière normale pendant qu'il fait jour et on a vu qu'il y a moins de dégâts dans les forêts, pour cette même raison. Les accidents sont donc la faute de l'activité de la chasse et non de l'activité naturelle des grands gibiers.
11/ Pour l'argument de la régulation:
Les scientifiques ont prouvé que plus on chasse, plus les animaux se multiplient:
La chasse réduit initialement la taille de la population, mais cette réduction entraîne une augmentation du taux de croissance de la population. Cette augmentation du taux de croissance est due à des taux de natalité plus élevés et à des taux de mortalité plus faibles à cause d'une diminution de la concurrence pour les ressources.
Selon Richter & Labisky, "Reproductive Dynamics and Disjunct White-tailed Deer Herds in Florida", la chasse est la seule raison pour l'augmentation à 38% de la naissance de jumeaux ou triplés parmi les faons dans les troupeaux chassés, tombant à 14 % dans les troupeaux non chassés.
On voit que depuis "la chasse en Vendée " le nombre de sangliers et de chevreuils a explosé au lieu de diminuer ou de s'équilibrer. La chasse comme elle est pratiquée en France et donc aussi en Vendée n'est pas la solution pour une gestion de populations d'animaux sauvages, si toutefois on en aurait besoin. Dans ce cas, il faudrait chercher d'autres solutions comme la contraception.
La chasse n'a d'autre but que de fournir du gibier aux chasseurs et de donner aux résidents le faux sentiment que "quelque chose" est en train d'être fait concernant le nombre de grands gibiers, tout en assurant que ce nombre se reconstituera d'ici la prochaine saison de chasse, et ainsi de suite jusqu'à l'infini.
12/ La souffrance inacceptable des animaux causée par les chasseurs est évidente. La France a la plus longue liste de méthodes de chasse barbares et d’espèces soi-disant “nuisibles”. La chasse à courre, à cor et à cri, par exemple, est déjà interdite dans beaucoup de pays européens.  La même chose pour la vénerie sous terre, qui est fondamentalement cruelle. Elle aussi n'est déjà plus pratiquée, et est même illégale, dans de nombreux pays européens. Finalement, pour la chasse à tir du grand gibier, il est prouvé qu'à cause des nombreux tirs ratés les animaux ne meurent pas instantanément. Il faut plusieurs tirs pour tuer un animal, ce qui cause une énorme souffrance inutile.
13/ La présence des chasseurs qui, surtout les week-ends, se promènent avec leurs fusils autour de nos propriétés, nos maisons et nos animaux domestiques, sans se priver de carrément nous harceler, devient de plus en plus insupportable. Les périodes mentionnées dans l'arrêté sont donc beaucoup trop longues. Pour donner à la majorité de la population, qui ne chasse pas, un peu de répit et la possibilité de pratiquer ses activités dans la nature comme les promenades, les randonnées, le cyclisme, l'équitation, etc.... nous souhaiterions que la chasse soit interdite, au moins tous les week-ends, les jours fériés et pendant les grandes vacances scolaires de juin à septembre, et ceci sans dérogations.
14/ Déjà en 2022 par courrier nous avons attiré votre attention sur les problèmes de changement climatique et de la sécheresse de l'été avec toutes ses conséqueces pour la flore et la faune sauvage. L'arrêté ne prend pas en compte l'effet que cette sécheresse a eu sur la flore et la faune sauvage, ni l'effet de la hausse des températures qu'on prévoit déjà pour cet été. 
Conclusion: le manque de documents publiés pour cette consultation publique empêche le public de pouvoir établir un avis bien fondé. Par ailleurs, il y a un manque regrettable et notable d'arguments crédibles et scientifiques dans ce projet.
La chasse comme elle est pratiquée en France et donc aussi en Vendée n'est pas la solution pour une "gestion des populations", si toutefois on en aurait besoin. Dans ce cas, il faudrait chercher d'autres solutions comme la contraception.
Prendre un tel arrêté n'est donc pas nécessaire ni pour la régulation, ni pour les dégâts, ni pour les accidents routiers.
Il reste comme seul argument l'acceptation que les chasseurs puissent continuer à chasser/tuer pour leur plaisir. Les animaux sauvages n'appartiennent pas aux chasseurs. Une majorité des français (4 sur 5) n'est pas favorable à la chasse. Un passe-temps telle que la chasse fait plus de mal que de bien, si on inclus également tous les problèmes de sécurité, de nuisance pour le reste de la population vendéenne pendant les périodes de la chasse et la perturbation de la faune sauvage 10 mois de l'année de juin à mars! 
Nous sommes donc fortement contre ce projet d'arrêté relatif à l’ouverture et à la clôture de la chasse pour la campagne cynégétique 2023-2024 dans le département de la Vendée !
Nous vous prions d'accepter, Monsieur le préfet, nos salutations distinguées. 

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