Bournezeau, janvier 2021
Monsieur/Madame,
Nous voilà déjà au début du nouvel an et nous sommes toujours en attente d'une réponse à notre lettre d'il y a 6 mois (juin 2020) dans laquelle nous vous avons demandé de prendre des mesures drastiques pour prévenir une nouvelle pandémie.
Au moment de vous envoyer la lettre précédente, nous n'étions qu'au commencement de la crise de la Covid-19 et tout le monde espérait qu'elle serait vite réglée. La triste réalité est que notre société, malgré sa modernité, n'est pas à la hauteur de la puissance imprévisible de la nature. En dépit des gestes barrières et des confinements aux graves conséquences sociales et économiques, presque tous les pays européens font face à une nouvelle vague, pire que la première, avec des mutations, et nous craignons tous une troisième vague. Le nombre mondial de victimes du coronavirus a maintenant atteint presque 2 millions. Presque tout le monde est en deuil pour un proche ou un ami sacrifié à une pandémie qui n'aurait jamais dû se produire si l'on avait écouté les avertissements des scientifiques.
Heureusement que des vaccins sont maintenant disponibles. Espérons que la vaccination viendra à bout de la crise actuelle, mais nous en sommes encore loin d'atteindre le but. D'ailleurs, une nouvelle pandémie se cache, sans doute, prête à bondir. Ce n'est pas sans raison que dans beaucoup de pays, comme les Pays Bas, la France, la Belgique, l'Allemagne, la Suède et le Royaume Uni, un nombre exponentiel de canards, dindes et poules ont été abattus au cours de ces derniers mois à cause de foyers de la grippe aviaire H5N8, hautement pathogène. Les experts nous mettent en garde contre cela aussi bien que contre la grippe porcine. On ne peut pas le répéter trop souvent: les scientifiques nous alertent depuis des années aux dangers d'une pandémie à cause de l'impacte de l'élevage industriel d'animaux, un terrain propice à la prolifération de zoonoses.
Votre gouvernement a beau mettre certaines mesures en place, elles ne seront jamais suffisantes et seront toujours trop tardives. En plus, nous ne vous entendons pas parler d'une réduction (un arrêt total serait meilleur) de la consommation de viande et d'autres produits d'origine animale, quoi que vous sachiez non seulement que la consommation de viande sera la source de la prochaine pandémie mais aussi qu'elle nuit à l'environnement, au climat, à la santé publique et ainsi aux fonds de la sécurité sociale. L'élevage industriel est un danger pour nous tous et pour la planète. Il a le monopole de 45% de la terre mondiale, dont la plupart est volée aux habitats de la faune sauvage et a donc un impacte écocidaire sur la biodiversité. Jusqu'à 150 espèces animales disparaissent chaque année dans le monde. L'ONU avait préalablement constaté que l'élevage d'animaux est responsable de 14% des gaz à effet de serre. Le dernier rapport de l'ONU montre que "la production de viande et de produits laitiers émet plus d'azote que la terre ne puisse en assimiler.” 1 Sans parler de la résistance antibiotique attribuable aux abus d'antibiotiques dans les élevages industriels. Le choix de substituts à la protéine animale est large et continue à croître et pour ceux qui tiennent à manger de la viande, on fait de grandes avancées dans la production de viande cultivée in vitro.
Il est grand temps d'agir concrètement et que le gouvernement joue un rôle pionnier, pour protéger l'avenir de la santé humaine, de la nature et de notre planète . En plus que de vous demander d'envoyer des signaux clairs et de fournir de l'information sur les effets négatifs des repas carnés, nous vous demandons surtout d'aider le secteur agricole à se convertir à la production de protéines d'origine végétale, au lieu de persister dans l'élevage intensif d'animaux.
Nous vous serions gré de répondre à cette lettre et à la précédente. Nous avons déjà reçu des réponses de la France, de l'Espagne, du Portugal, de l'Irlande, du RU , de la Commission Européenne et du Parlement européen.
Nous vous prions d'accepter l'expression de nos meilleurs sentiments
Marit de Haan