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l’Avis de NALA pour la Consultation Publique concernant la destruction des “espèces susceptibles d’occasionner des dégâts”
Il s’agit du Projet d’arrêté ministériel pris pour l’application de l’article R. 427-6 du code de l’environnement et fixant la liste, les périodes et les modalités de destruction des espèces susceptibles d’occasionner des dégâts: Belette, Fouine, Martre, Putois, Renard, Corbeau freux, Corneille noire, Pie bavarde, Geai des chênes et Etourneau sansonnet.
http://www.consultations-publiques.developpement-durable.gouv.fr/spip.php?page=forum&id_article=1986#mon_ancre

Les associations Nos Amis Les Animaux 85480 et Forests From Farms (des associations vendéennes pour la protection des animaux, de l'environnement et de la nature) sont contre ce projet d'arrêté pour les raisons suivantes.
L'arrêté ne donne pas de statistiques des espèces que l'état considère comme "susceptibles d’occasionner des dégâts" dans les départements et il ne fournit donc pas de raisons concrètes et valables pour détruire ces espèces qui jouent leur rôle, comme toutes les autres espèces, dans l’équilibre de l’écosystème et qui, également comme tous les autres animaux, sont douées de sensibilité. Plusieurs fois déjà et en particulier en 2017 le Conseil d’Etat a contraint le Ministère de la Transition Écologique à revoir sa copie sur le sort de ces petits prédateurs (mammifères et oiseaux) classés "nuisibles". Comment alors peut-on, sans l’apport de ces chiffres concrets, avoir confiance dans le jugement des départements et dans leurs dossiers, et comment peut-on juger des dégâts que ces animaux sont supposés faire? Nous pensons également qu'autoriser leur destruction pour éviter "seulement " 10 000 euros de dégâts environ par an par département est exagéré et excessif.
Les oiseaux sont protégés par la directive « Oiseaux », la martre et le putois par la directive « Habitats ». À ce titre, leur destruction ne peut être autorisée qu’après recherche, étude et mise en œuvre infructueuse de méthodes alternatives qui permettraient de protéger les activités humaines au moins aussi efficacement que par leur destruction. Pourtant, ce projet n’exige pas que la réalité de cette mise en œuvre de méthodes alternatives soit évaluée par une personne indépendante. Or, le travail à fournir pour initier ces alternatives a du mal à faire face à la facilité irréfléchie de recourir aux armes. Les acteurs préfèrent la destruction, solution de facilité, aux méthodes douces, pourtant plus efficaces.
La biodiversité est en grand danger. Toutes les études internationales récentes sont d’accord là-dessus. On doit changer notre mentalité. Comment se fait-il que ce projet d’arrêté soit quasiment un copié-collé de l’arrêté en vigueur depuis le 1er juillet 2015 ? Cela indiquerait que le gouvernement et les autorités locales n’ont pas évolués, voire qu’ils refusent exprès, pour plaire aux lobbies, de changer de comportement.
Ils auraient même fait retour en arrière, car le renard est reclassifié comme « destructible » en Savoie ainsi que dans… 90 autres départements de France ! Pourtant, le renard devrait être considéré comme l’ami des agriculteurs, puisqu’il se nourrit principalement de petits rongeurs. Pour la plupart, les espèces mentionnées dans cet arrêté jouent un rôle de police sanitaire en débarrassant la nature de cadavres d’animaux, évitant ainsi la propagation de maladies. L’excuse que certaines espèces occasionnent des dégâts aux poulaillers d'amateurs et de détenteurs d'oiseaux ne peut pas justifier la destruction massive qu'on prévoit. Il incombe à chaque éleveur ou gardien de protéger sa volaille avec des structures adaptées. Si les petits prédateurs comme la fouine, la belette, la martre et le renard se servent des volailles détenues en captivité, c’est à cause d'un manque de proie dans la nature, faute d’abus de pesticides, de mort aux rats, et de la chasse. Pour les producteurs de cultures il existe d'autres moyens intelligents et humains pour protéger leur récolte. Quant à l'élevage d’oiseaux, tels que faisans et perdrix, dans le but exprès d’ensuite les relâcher et les chasser, cela relève de mensonge et d’hypocrisie.
Loin de jouer un rôle de protection sanitaire, la chasse pose un danger pour la santé publique, et non pas seulement à cause du risque de « balles perdues ». On s’acharne à tuer des prédateurs comme les renards et les fouines qui sont bénéfiques pour lutter contre les infections véhiculées par les tiques, telle que la bactérie de Borrelia responsable de la maladie de Lyme, un vrai danger de nos jours.
La souffrance inacceptable des animaux causée par les chasseurs et piégeurs est évidente. La France a encore la plus longue liste de méthodes de chasse barbares et d’espèces soi-disant “nuisibles”. Par exemple, la vénerie sous terre, le déterrage n'est déjà plus pratiquée, et est même illégale, dans de nombreux pays européens car elle est fondamentalement cruelle. Pourquoi la France prétend-elle devoir continuer cette pratique cruelle quand l'Europe l'a abolie?
Il est temps de prêter attention à la science et d’abandonner les « traditions » du moyen âge. Au lieu de tuer des animaux sauvages, les agriculteurs et les piégeurs et chasseurs seraient mieux occupés à planter des arbres et créer des espaces de vie pour la vie sauvage. Les données scientifiques les plus récentes montrent que la vie sur terre est menacée. L’espèce humaine n’est qu’une petite partie de la chaîne écologique. La disparition des autres espèces mènera irrévocablement à la disparition de l’espèce humaine. Les chasseurs se considèrent comme les gérants de la nature. En réalité, ils ne font que contribuer à sa destruction, en tirant sur des oiseaux migrateurs et en créant de fausses classifications de « nuisibles » et « non-nuisibles ». L’homme, pourtant, est le plus « nuisible » de tous. Verrons-nous le jour, dans un futur pas très lointain, où on dira aux chasseurs de tirer sur les êtres humains et leurs petits, en train de migrer vers une terre plus propice à la vie ? Dans certains pays, le futur est déjà le présent. Un fusil ne devrait pas être un jouet de loisir. C’est une arme de guerre, dans les mains de chasseurs qui ne subissent pas de contrôle de vue, de test de taux d’alcool dans le sang ni d’évaluation de leur état mental avant qu’ils partent chasser à proximité de maisons, de chemins de randonnée et de routes.
Emmanuel Macron, pour contrer le slogan de Donald Trump « Make America Great Again ! », a inventé son propre slogan : « Make Our Planet great Again ! » Quand actuellement toutes les données scientifiques montrent que nous entrons dans une crise environnementale planétaire, continuer la chasse et le piégeage en France ferait preuve de l’insincérité, de l’hypocrisie et du manque de bon sens de ceux qui sont censés veiller sur nous et protéger notre environnement.
En vue de ces objections et du manque de rationalité dans cet arrêté, nous sommes de l’avis que cet arrêté ne devrait pas être approuvé.