Avis DEFAVORABLE pour la capture de 156.030 oiseaux sauvages protégés pour la saison de chasse 2020/2021
Cet avis écrit par les associations Nala85480 et Forests from Farms, dont les sièges sont en Vendée, concerne les 3 consultations publiques :
  1. Projets d’arrêtés relatifs à la capture des grives et des merles noirs destinés à servir d’appelants dans 5 départements de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur pour la campagne 2020-2021 http://www.consultations-publiques.developpement-durable.gouv.fr/spip.php?page=article&id_article=2170
  2. Projets d’arrêtés relatifs à la capture de l’alouette des champs au moyen de pantes et de matoles dans 4 départements de Nouvelle Aquitaine pour la campagne 2020-2021 http://www.consultations-publiques.developpement-durable.gouv.fr/spip.php?page=article&id_article=2169
  3. Projets d’arrêtés relatif à la capture des vanneaux et des pluviers dorés et relatif à la tenderie aux grives ou aux merles noirs dans le département des Ardennes pour la campagne 2020-2021 http://www.consultations-publiques.developpement-durable.gouv.fr/spip.php?page=article&id_article=2168
Evidemment en tant qu'associations pour la protection des animaux en générale, de la nature et de la biodiversité nous contestons tous ces projets d'arrêtés.
Nous sommes d'avis que ces arrêtés sont en contradiction avec les intentions de la Directive Oiseaux de l'Union Européenne (79/409/CEE) et la Convention de Bern du 19 septembre 1979 relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel en Europe. L'alouette des champs, les merles noirs, les grives, les vanneaux huppés et les pluviers dorés sont tous protégés par cette directive et par la convention de Bern.
Par contre, la France prétende pouvoir autoriser une chasse sur ces oiseaux avec des pièges, des filets, de la glu et des collets (des lacs) en vertu de dérogations à cette directive pour la raison que se sont des «pratiques traditionnelles». Cela n'a aucun sens.
Beaucoup de ces oiseaux sont migrateurs et entreprennent de grands voyages avec destinations dans d'autres pays de l'Europe, où ils sont protégés par de nombreuses associations de la protection de la faune sauvage. La protection de ces oiseaux est payée par des donateurs, par divers états, et assurée avec l’aide de bénévoles. Ces oiseaux n'appartiennent donc pas uniquement aux Français qui ne peuvent pas s’arroger le droit de les tuer et torturer, comme prévu dans ces arrêtés.
Pour quantifier l'ampleur réelle de l'abattage (illégal) des oiseaux migrateurs dans la région méditerranéenne, Birdlife International a publié en 2015 une première étude scientifique. Un deuxième rapport a été publié un an plus tard. Le titre terrifiant : « The Killing Report (Le Rapport des Meurtres) » montre que plus de 25 millions d'oiseaux sont abattus illégalement chaque année dans les pays Méditerranéens.
Selon cette étude, la France est responsable en grande partie de la mise à mort estimée de 522 000 oiseaux d'environ 32 espèces.

En particulier pour les alouettes des champs qui sont classées dans la catégorie “Quasi menacée”, ces arrêtés permettent un quota de chasse d'un totale de 106.500 oiseaux. Ce serait irresponsable, même catastrophique. L'allouette des champs est dans la liste rouge des espèces menacées en France:
Pour sa protection, il existe même un plan d'action par la Commission Européenne.
Les grives mauvis et les vanneaux huppés sont des espèces menacées. Et permettre une chasse de 48.300 merles noirs et grives, et 1.230 vanneaux huppés et pluviers dorés serait également inacceptable.
C'est en 2018 que les tristes résultats ont été publiés de deux études émanant du CNRS et du Muséum National d’Histoire Naturelle Français, révélant que les oiseaux des campagnes françaises sont frappés de «disparition massive» et qu'en quinze ans, leur présence a diminué d’un tiers. Selon les auteurs de ces études, c'est une situation proche de la «catastrophe écologique».
Déjà en 2019 la Commission Européenne a mis en demeure la France pour manquement à ses obligations de protection des espèces menacées, ciblant notamment leur piégeage indifférencié sous prétexte de traditions. Et plus récemment (début juillet 2020) la Commission Européenne vient d’adresser un avis motivé à la France afin qu’elle prenne des mesures concrètes contre des pratiques cynégétiques traditionnelles selon des méthodes de capture non sélectives, tel le piégeage à la glu.* Reconduire ainsi ces arrêtés constitue une provocation envers la justice européenne qui fait encourir de lourdes sanctions financières à la France, pour le bénéfice de quelques uns.
La chasse traditionnelle eut lieu à un moment où les populations n’étaient pas en voie de disparition. La situation a changé. La chasse traditionnelle s’arrêtera forcément quand elle aura fini d’exterminer les oiseaux, alors pourquoi persister dans cette folie en encourant la condamnation internationale comme il est déjà arrivé aux pays qui continuent à pratiquer la chasse à la baleine ? Autant avoir le courage d’admettre que c’est dès maintenant qu’il faut arrêter la tuerie.
La majorité des Français s’opposent à ces méthodes de chasse et tout récemment 62 parlementaires appellent à l’interdiction de ces pratiques de chasse d’un autre temps.
En conclusion, comment est-il possible que ces projets d'arrêtés qui mettent en danger les oiseaux de nos campagnes soient même publiés ? Pour faire plaisir à une toute petite partie de la population française sous prétexte d’une "tradition" ? A part le fait que ces modes de chasse datent du moyen âge et que la chasse n'est plus nécessaire pour nourrir la population, ces méthodes de chasse sont très difficilement contrôlables et, qui plus est, extrêmement cruels. L'arrêt de ces modes de chasse est l'action la plus efficace pour sauver les oiseaux. Prendre la décision honorable de rejeter ces arrêtés montrerait que le gouvernement français et la fédération des chasseurs s'engagent concrètement à protéger la nature, la faune sauvage et les oiseaux. Il est grand temps que les mentalités envers la faune sauvage et la biodiversité en France évoluent, qu’on reconnaisse enfin que « tradition » ne rime pas, n’a jamais rimée, avec respect de la nature.
Les associations Nala 85480 et Forests From Farms
Compilation d'une vidéo sur la chasse aux vanneaux huppés en France: