Monsieur le préfet,
Voici l'avis défavorable des associations #Nala85480 et #ForestsFromFarms sur votre projet concernant une période complémentaire de vénerie sous terre du blaireau.
https://www.pyrenees-atlantiques.gouv.fr/content/download/42453/269415/file/01.AP%20OG%20Plaine%202022-2023%20BIL.pdf
https://www.pyrenees-atlantiques.gouv.fr/content/download/42450/269403/file/Dommages%20blaireaux.pdf



Évidemment, la question primordiale à se poser est pourquoi il faut encore chasser les blaireaux en France, sachant que dans d'autres pays de l'Europe il est déjà strictement protégé: entre autres en Belgique, en Angleterre, en Irlande, aux Pays-Bas, au Danemark, au Portugal, en Espagne, en Italie et en Grèce. Et donc dans ces pays on a trouvé des solutions pour cohabiter avec les blaireaux sans leur abattage. 

Il manque une note de présentation du projet d'arrêté, ainsi que les avis de la Fédération départementale des chasseurs et  de la commission départementale de la chasse et de la faune sauvage.   Les contributeurs sont privés des informations qui aurait dû lui permettre de donner un avis éclairé.
Or, l’Article 7 de la Charte de l’Environnement précise que : « Toute personne a le droit, dans les conditions et les limites définies par la loi, d’accéder aux informations relatives à l’environnement détenues par les autorités publiques et de participer à l’élaboration des décisions publiques ayant une incidence sur l’environnement. »

Les dégats nous semblent irrationnels,  surtout si on les compare avec d'autres départements, et confondus avec les dégats par d'autres animaux sauvages et donc ne justifient pas  une telle régulation systématique du blaireau!!! 
En ce qui concerne ces dégâts censés être causés par les blaireaux, le Conseil Scientifique du Patrimoine Naturel et de la Biodiversité, dans son avis publié lundi le 13 juin 2016, met sérieusement en question la pratique de l’abattage et les motifs invoqués pour le faire: «ni le risque d’infection tuberculeuse en France ni les dégâts qui seraient causés aux cultures ne justifient un abattage massif de blaireaux». https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/sites/default/files/CSPNB%2020160601.pdf

Selon cette étude on constate que : “les blaireaux ne recherchent pas la proximité étroite des exploitations, puisqu’une étude conduite en Irlande a montré que les blaireaux évitaient d’entrer dans les cours de ferme.... Le motif des dégâts aux cultures et aux machines agricoles, invoqué dans plusieurs départements, parait souvent affirmé sans être étayé par des observations quantifiées. Il faudrait pouvoir distinguer ce qui peut être le fait du blaireau ou plutôt le fait du grand gibier, et notamment du sanglier. Le mécontentement des agriculteurs est dû au fait que l’Etat n’indemnise pas les dégâts causés par le grand gibier ou par le blaireau. Bien souvent, le blaireau est accusé de tous les problèmes de façon indiscriminée et concentre les mécontentements. De ce fait, la réaction après des dégâts importants est de lancer des opérations de destruction des blaireaux..."
Le rapport conclue que “Toute réduction brutale des effectifs induit une perturbation de la structure sociale de la population, qui peut avoir des conséquences paradoxales. Ainsi, les études réalisées en Angleterre à la suite de campagnes de destruction massive de blaireaux ont montré une diminution de la densité de blaireaux, qui restait toutefois inférieure à l’attente, en raison d’une part, de la reconstitution partielle des populations après la saison de reproduction, et d’autre part, d’une augmentation des déplacements des blaireaux venant occuper des zones dépeuplées.”

Les blaireaux sont déjà abattus pendant plusieurs mois dans l’année (du 15 septembre au 15 janvier). Sans observations et données plus concrètes, la décision d'une période supplémentaire de 4 mois, qui résulte donc en une période de chasse de 8 mois au total, n'a selon nous donc pas de fondements scientifiques.

Le blaireau est un animal très discret et utile, qui sort la nuit pour se nourrir de vers de terre, d'insectes, de fruits ou de grenouilles. Concernant la prédation sur le petit gibier, elle est considérée comme faible.
Les scientifiques qui ont travaillé sur le sujet ici en France s’accordent à estimer que les densités de population iraient de 0,1 à 4 ou 5 blaireaux par kilomètre carré. Donc il n’y a pas vraiment une surpopulation surtout si on les compare avec d’autres pays comme l’Angleterre, où elles peuvent atteindre 10 individus au kilomètre carré.

En ce qui concerne la transmission de la tuberculose bovine, il existe un autre moyen de contrôle si besoin, comme cela a été prouvé au Royaume Uni: la vaccination. Au pays de Galles, la vaccination du blaireau contre la tuberculose est réalisée avec succès. https://en.m.wikipedia.org/wiki/Badger_culling_in_the_United_Kingdom

La recherche scientifique la plus récente (octobre 2019) en Angleterre démontre que tuer des blaireaux augmente en fait la possible transmission de tuberculose au lieu de la limiter. Les blaireaux se déplacent plus loin pour prendre possession de territoires devenus disponibles. La vaccination est donc un moyen plus efficace que la tuerie et certainement que la vénerie sous terre! Lire plus: https://www.newscientist.com/article/2219063-real-time-badger-tracking-shows-culling-could-increase-spread-of-tb/#ixzz61rDWbbOt

La vénerie sous terre est fondamentalement cruelle. Elle n'est déjà plus pratiquée, et est même illégale, dans de nombreux pays européens. L'animal n'a aucune chance. Les animaux sont énormément stressés. Même les petits et les jeunes sont tués, de sorte qu'ils n'ont jamais la chance de vivre leur vie. Aussi, pour les chiens de chasse, cette méthode n'est pas sans danger.

Le blaireau est une espèce protégée sous la convention de Berne. Il est inscrit à l’annexe III de la Convention de Berne. Aux termes de l’article L. 424-10 du Code de l’environnement, « il est interdit de détruire (…) les portées ou petits de tous mammifères dont la chasse est autorisée » ; or, les jeunes blaireaux ne sont absolument pas sevrés et forcément ne sont pas émancipés au mois de juin.

Certains départements n’autorisent plus la période complémentaire du blaireau, et notamment les départements des Alpes-de-Haute-Provence, des Hautes-Alpes, des Alpes-Maritimes, de l’Aude, des Bouches-du-Rhône (depuis 2016), de la Côte d’Or (depuis 2015), de l’Hérault (depuis 2014), du Var, du Vaucluse, des Vosges, des Hauts-de-Seine, de la Seine-Saint-Denis et du Val-de-Marne.
En 2021 les administrations des départements de l’Ariège, Meurthe-et-Moselle, Moselle, Charente, Dordogne, Doubs, Loire, Morbihan, Pyrénées Orientales, Seine Maritime, Haute-Saône, Tarn, Yvelines et Yonne ne l’ont pas autorisé pour la première fois.
 
Last but not least: Le Conseil de l’Europe recommande d’interdire le déterrage : « Le creusage des terriers, à structure souvent très complexe et ancienne, a non seulement des effets néfastes pour les blaireaux, mais aussi pour diverses espèces cohabitantes, et doit être interdit. »
Si vraiment besoin il faut développer des méthodes « humaines » pour réguler les espèces qui peuvent causer des nuisances/maladies.

En vue de ces objections et du manque de rationalité dans ce projet , nous sommes de l’avis que la proposition pour une période complémentaire de la vènerie sous terre du blaireau ne devrait  pas être approuvée.
Cordialement,
Marit de Haan
Présidente de Nos Amis Les Animaux 85480 et de Forests From Farms