Pépito

"J'ai grandi dans la chèvrerie où je suis né et où j'ai été selectionné pour mon patrimoine génétique dans un but de rentabilité. A seulement quelques jours, on m'a mutilé au fer ou au pistolet, je ne sais pas vraiment. On a empêcher mes cornes de pousser en les brûlant à la base pour faciliter la cohabitation entre nous et pour éviter les incidents comme des éventrations ou des pattes cassées. La promiscuité ést telle dans cette chèvrerie-bâtiment qu'on en est tous passé par là pour éviter aussi  les frais vétérinaires a répétition. 

Je n'en suis jamais sorti. J'ai passé chaque jour de ma vie dans mon petit enclos, en compagnie d'autres boucs, nés ici eux aussi.Tous les ans, à la même période, on m'emmenait voir mes compagnes. Mon travail à moi, c'était la reproduction. Au début, on a un peu poussé ma productivité, je devais m'accoupler avec 50 femelles, et ce, en seulement 2 mois. Et puis, mon éleveur disait de moi que j'étais gentil et docile ce qui avait des chances de donner des petits manipulables, comme moi. 

Au cours de ma vie, j'ai vu beaucoup de naissances mais je n'ai pas toujours vu mes petits. Certains ont simplement disparu du jour au lendemain. J'ai beaucoup entendu mes compagnes pleurer leur petits, la séparation étant brutale et inexpliquée....Et puis parfois, en face de mon enclos, des petits. Les "sélectionnés", pour prendre ma relève. 

Le travail des copines, c'était le lait. Elle m'ont raconter que cela leur causait de grande douleur et aussi que des fois, certaines d'entre elles disparaissaient elles aussi. On disait d'elles qu'elles n'étaient pas assez productives soit méchantes. Un camion vient souvent et on ne revoit jamais ceux et celles qui montent dedans.

Et puis ce fût mon tour. Cet été, on devait "m'envoyer". Se débarasser de moi car plus assez productif et rentable. J'était devenu inutile, un poids. Bien fatigué, je ne pouvait  plus m'accoupler qu'avec une 15aine de chèvres. Et cet été, 2 dames sont venues visiter ma maison, elles m'ont fait des câlins, et sont reparties. 

Plusieurs mois après, l'une d'elle est venue me chercher dans sa voiture. J'étais très stréssé au début. D'ailleurs, toutes mes compagnes m'ont courru après et on bêler fort. Ce fût un déchirement. Mais cette corde autour de mon cou, me tirait plus en avant. Cette corde....elle m'a brûler toute la peau du cou, je n'ai plus de poils. Depuis ce jour, ma vie à changé. Je me ballade, je broute, je vais et viens à ma guise et je coule des jours heureux, et sereins. Mes amis ne disparaissent plus. Aujourd'hui j'ai un nom,  je ne suis plus un numéro. Pépito, 6 ans, réformé et sauvé de l'abattoir le 31 Octobre 2014."