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Le ministre de l’agriculture et de l'alimentation

Monsieur Julien DENORMANDIE

78, rue de Varenne

75349 Paris 07 SP



Sujet : abattage volailles / grippe aviaire


Bournezeau, le 12 janvier 2021



Monsieur le Ministre,

Encore une fois, nous suivons avec horreur et désespoir les développements affreux en ce qui concerne la grippe aviaire en certaines régions de la France. Déjà, en 2017, nous avons envoyé une longue lettre (voir l'annexe) au gouvernement français pour exprimer nos inquiétudes. Rebelote. Rien n'a changé. Depuis décembre de l'année dernière des centaines de milliers d'oiseaux (600.000 pour être précis) ont déjà été tués sous des conditions atroces, pour éviter d'autres contaminations. Et vous avez décidé de « doublé les capacités d’abattage. Avec l'objectif : créer des vides sanitaires et endiguer la propagation. L’accompagnement et l’indemnisation des éleveurs sont renforcés ». La situation semblerait encore une fois de plus être hors contrôle. Des millions d'animaux ont déjà payé de leur vie le prix de diverses souches de la grippe aviaire au cours des dernières années (seulement en 2017 environ 3,7 millions de volailles ont été tuées). Quand est-ce que le gouvernement va se rendre compte que cette situation est intolérable, insoutenable, inacceptable et contre toute éthique?

Vous promettez de plus strictes mesures de biosécurité pour éviter d'autres foyers d'infections à l'avenir. Vous savez très bien que c'est impossible. L'élevage à l'échelle industrielle de canards et d'oies qui ont déjà un système immunitaire faible et ne sont pas destinés à vivre longtemps et en bonne santé, mène inévitablement à des conditions insalubres et inadaptées à leurs besoins physiologiques, ce qui compromet encore plus leur système immunitaire. De ce fait, la France est confrontée d'année en année à cette même crise sanitaire. Vous n'allez jamais apprendre? L'industrie se félicite de répondre aux demandes des consommateurs de donner à la volaille l'accès à l'air libre, mais cela peut faciliter la transmission de virus à d'autres espèces et aux animaux sauvages. Pourtant, garder les animaux enfermés n'est pas ce que veulent les consommateurs et va aussi à l'encontre du bien-être animal. Donc, c'est échec et mat! Impossible en même temps de satisfaire les demandes des consommateurs en ce qui concerne le bien-être animal et garantir la biosécurité. Les deux choses sont incompatibles. Comme nous avons mentionné dans notre lettre précédente, la Commission Européenne elle-même a dit que «des preuves scientifiques solides sur l'efficacité réelle des mesures de biosécurité font souvent défaut ou sont non quantifiées».

Vous promettez de compenser les pertes financières des éleveurs. Est-ce bien raisonnable d'aider une industrie qui répète les mêmes erreurs à l'infini, et de financer cette compensation avec l'argent des contribuables, pour perpétuer un système en faillite et non durable. Pour citer un exemple, la demande pour le foie gras diminue chaque année. En 2019, la vente du foie gras a accusé un recul de 488 tonnes dans les supermarchés et hypermarchés de France. Les fermiers français produisent donc pour le marché de l'exportation. Le contribuable français paie ainsi pour que les consommateurs étrangers achètent moins cher leur foie gras.... Ce serait plus sensé d'aider ces fermiers à quitter le secteur pour se lancer dans une production plus durable et non écocidaire, comme on fait déjà aux Pays-Bas pour les secteurs de l'élevage de visons, vaches laitières et cochons. Malgré tous ses défauts, même la Chine investit dans les alternatives aux protéines animales.

Finalement, mais pas la moindre des choses, vous insistez que le virus de la grippe aviaire ne présente pas de danger pour la santé humaine. C'est clairement un mensonge. La pandémie actuelle est la preuve que n'importe quel virus peut franchir la barrière des espèces et muter. La mutation, c'est la nature d'un virus! D'ailleurs, selon l'OMS : "La circulation de certains virus de la grippe aviaire, tels que le A(H5) et le A(H7), présente une menace à la santé publique car ces virus peuvent causer des maladies graves aux êtres humains et ils ont le potentiel de muter pour augmenter la transmissibilité aux êtres humains."1

Le 2 juin 2020, ensemble avec 6 autres associations, nous avons envoyé au gouvernement une lettre au sujet de l'élevage d'animaux et les risques de pandémies, suivie d'un rappel le 21 juillet 2020. Les deux sont restés sans réponse de votre part. Nous vous avons demandé de prendre des mesures drastiques. Nous comprenons bien que vous avez été, et que vous êtes toujours, en train de gérer la situation de la crise du COVID-19, qui est devenue hors contrôle. Malgré les programmes de vaccination, nous sommes encore loin de mettre fin à cette crise. Espérons que nous y arriverons, mais il faut admettre qu'il y aura d'autres pandémies à l'avenir comme a confirmé Monsieur Tedros Adhanom GHEBREYESUS, Directeur-Général de l'OMS, pendant le « ONE PLANET SUMMIT FOR BIODIVERSITY » le 11 Janvier 2021, organisé par le Président Monsieur MACRON et Madame POMPILI, ministre de la transition écologique. La conclusion était claire : on devrait nous préparer pour faire face à d'autres pandémies. Mais n'est il pas mieux et plus responsable de faire tout pour les éviter ? Les scientifiques nous mettent en garde depuis des années que l'élevage industriel d'animaux est un foyer de prolifération de zoonoses. La grippe aviaire y figure bien haut sur la liste, et quand le pire arrivera, vous serez tenus responsables, car ce sont vos choix, vos conseils et vos décrets qui détermineront l'avenir sanitaire de la France.

Pour sauver la planète, la santé humaine et la biodiversité, l'avenir est dans les sources de protéines végétales. Le gouvernement a intérêt à favoriser le passage de l'élevage industriel d'animaux à une production de protéine qui ne nuit pas à la planète et ne met pas à risque la santé publique. Nous croyons qu'il faut réduire les subventions et introduire des taxes pour la viande, les produits laitiers et les œufs. L'argent récupéré devrait servir pour aider les fermiers à faire la transition à une production d'alimentation plus saine. Le savoir faire et la technologie ne manquent pas. Ce sont la volonté et le courage des autorités qui manquent.


Nous apprécierions de recevoir une réponse à cette lettre et aux lettres précédentes. Nous vous prions d'accepter nos sentiments très respectueux,

 


Marit de Haan

President of Nala 85480