NON à la «Dérogation à la protection stricte des espèces – choucas des tours» dans le Morbihan
Monsieur le Préfet,
L'arrêté ne donne pas de statistiques de cette espèce, ni des dégats, et il ne fournit donc pas de raisons concrètes et valables pour détruire les Choucas des Tours qui jouent leur rôle, comme toutes les autres espèces, dans l’équilibre de l’écosystème et qui, également comme tous les autres animaux, sont douées de sensibilité.
Le Chouca des Tours est une espèce protégée sur le territoire national par la directive européenne "Oiseaux" et à juste titre car on ne les voit pas très souvant. À ce titre, leur destruction ne peut être autorisée qu’après recherche, étude et mise en œuvre infructueuse de méthodes alternatives qui permettraient de protéger les activités humaines au moins aussi efficacement que par leur destruction. Il nous semble que le travail à fournir pour initier ces alternatives a du mal à faire face à la facilité irréfléchie de recourir aux armes. Les acteurs préfèrent la destruction, solution de facilité, aux méthodes douces, pourtant plus efficaces.
La biodiversité est en grand danger. Toutes les études internationales récentes sont d’accord là-dessus. On doit changer notre mentalité envers les animaux sauvages. Pour les oiseaux, récemment deux études (l’une a été menée à l’échelle nationale par le STOC (Suivi Temporel des Oiseaux Communs), un programme de sciences participatives du Muséum national d’histoire naturelle auquel contribue la population ; et l’autre par le CNRS dans la plaine des Deux-Sèvres) ont démontré que “les oiseaux disparaissent des campagnes françaises à un rythme alarmant”. nationalgeographic.fr/animaux/les-oiseaux-disparaissent-des-campagnes-francaises-un-rythme-alarmant
Le “silence” de la nature en France est remarquable si on le compare par exemple avec les pays nordiques.
En ce qui concerne les Choucas des Tours les populations nicheuses sont en France peut-être encore relativement préservées. Une situation de courte durée. Des estimations de l’INPN (Inventaire national du Patrimoine Naturel, MNHN) évoquent une amélioration tendancielle modérée, mais si on considère le long terme, c’est bien du déclin de l’espèce qu’il s’agit.
La souffrance inacceptable des animaux causée par les tirs des chasseurs et les cages-pièges des piégeurs est évidente.
Il est temps de prêter attention à la science et d’abandonner les « habitudes et traditions » du moyen âge. Au lieu de tuer des animaux sauvages, les agriculteurs et les piégeurs et chasseurs seraient mieux occupés à planter des arbres et créer des espaces de vie pour la vie sauvage.
Emmanuel Macron, pour contrer le slogan de Donald Trump « Make America Great Again ! », a inventé son propre slogan : « Make Our Planet great Again ! » Quand actuellement toutes les données scientifiques montrent que nous entrons dans une crise environnementale planétaire, continuer la chasse et le piégeage en France ferait preuve de l’insincérité, de l’hypocrisie et du manque de bon sens de ceux qui sont censés veiller sur nous et protéger notre environnement.
Et last but not least, vu l’avis défavorable n°2020/06 http://www.morbihan.gouv.fr/content/download/47973/343024/file/Avis_CSRPN_Bretagne_2020-06-VF%20.pdf du Conseil scientifique régional du patrimoine naturel en date du 16 avril 2020, et vu nos objections ci-dessus et du manque de rationalité dans cet arrêté, nous sommes de l’avis que cet arrêté ne devrait pas être approuvé.
Nous vous prions d'accepter nos meilleures salutations,
Marit de Haan
Présidente